lundi 19 septembre 2011

Il n'est pas toujours facile de savoir que faire.

En fac, j'ai rencontré une fille. Je me souviens : grande, assez mince, bizarre. Sa bizarrerie se voyait dans son visage, ses gestes. Elle ne s'arrangeait pas, déjà, ne se maquillait pas. C'était une grande bringue maladroite, avec une machoire disgracieuse. En outre, elle était "bête", c'est à dire à la fois bécasse, pas fine, pas douée socialement, solitaire, désagréable et en recherche d'mais.

Je lui ai parlé un peu, les deux premiers mois : elle était déplaisante, mais assez cultivée; une culture baroque. Mais réelle.

Puis je me suis fait des amies : des filles agréables, sympathiques, faciles. Moins lectrices qu'elle, je m'en souviens, mais avec lesquelles je pouvais passer de bons moments.

Nous sommes devenues amies.

Or, j'avais prêté un livre à cette fille.

Trois ans après, j'ai voulu le récupérer.

J'ai téléphoné chez elle.

Ses parents m'ont appris qu'elle s'était suicidée.

Je n'ai pas été surprise, mais choquée tout de même.

Ce qui était affreux, c'est que cette fille,en la connaissant, je m'étais dit (sans le lui dire) : mais comment peut-on être nulle comme ça ? bête et molle ? savoir des choses, avoir lu, mais être aussi empotée et désagréable? Bref, en moi même, je l'avais éliminée ; déjà tuée ; elle ne valait pas la peine d'être connue. Elle ne m'intéressait pas du tout.

Elle venait meparler de temps en temps, je taillais une petite bavette avec elle par politesse et PARCE QUE JE N'AURAIS PAS PU LUI EXPRIMER LE DÉGOÛT ET LE REJET QUE J'AVAIS D'ELLE, TANT ILS ÉTAIENT POLITIQUEMENT INCORRECTS.

Il fallait que je lui parle, sinon elle se serait rendu compte du mépris atroce que j'avais d'elle.

Mais tout ce que je disais et faisais était faux,c'était pour me débarrasser.

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